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Mineurs transgenres et hormonothérapie : ce que dit la science

Alors que les bloqueurs de puberté viennent d’être interdits dans les établissements de soins publics chez les mineurs transgenres au Royaume-Uni, un rapport sénatorial, porté par des élus Les Républicains, demande l’interdiction de tout accès aux hormones d’affirmation de genre. En France, il n’existe aucune donnée sur le nombre de jeunes concernés par la transidentité. Aux Etats-Unis et au Canada, elle concernerait 1,2 % des adolescents. Une partie seulement souhaite recourir à la transition médicale.
Difficile, là encore, d’estimer le nombre de prescriptions : les bloqueurs de puberté et les hormones ont d’autres indications. Mais à titre d’exemple, en France, au sein de la consultation spécialisée pluridisciplinaire de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, parmi les 239 patients suivis ces dix dernières années, moins d’un sur deux en a bénéficié. Le délai moyen pour y accéder, après concertation des équipes et de la famille, varie de dix à quatorze mois.
Bénéficiant d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) depuis une quarantaine d’années en cas de puberté précoce – avant l’âge de 8 ans pour les filles, et de 9 ans pour les garçons –, et pour une durée moyenne de deux à trois ans, ces hormones de synthèse empêchent la stimulation des gonades (ovaires, testicules) et la sécrétion des stéroïdes sexuels (œstrogènes, testostérone). Cela permet, entre autres, d’éviter l’arrêt prématuré ou le ralentissement de la croissance qui survient au moment de la puberté.
Ces molécules sont prescrites aux mineurs trans, à partir de 8 ans jusqu’à 14 ans selon les situations, depuis la fin des années 1990 aux Pays-Bas et depuis les années 2010 en France. Selon différentes études en Europe, entre 10 % et 40 % y ont recours. A ce jour, elles sont prescrites hors AMM, comme la loi peut l’autoriser lorsque l’intérêt du patient le justifie. Dans un document de 2020 accessible en ligne, le conseil national de l’ordre des médecins rappelle que 80 % des prescriptions en pédiatrie hospitalo-universitaire sont réalisées hors AMM.
Le but est ici de « diminuer la souffrance du jeune face aux changements corporels induits par la puberté (poitrine, pilosité, voix, masse musculaire), tout en lui laissant le temps d’explorer son identité », explique la professeure Laetitia Martinerie, endocrinologue pédiatrique à l’hôpital Robert-Debré, qui reçoit des mineurs en questionnement et/ou en transition au sein d’une consultation pluridisciplinaire spécialisée.
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